Trésor à Nantes

Un trésor de pièces d’or expertisé à Nantes

lundi 28 février 2011- Nantes

  • Henri Vié : « On a le panel d’un marchand européen qui négocie avec les pays de la façade atlantique. »

    Henri Vié : « On a le panel d’un marchand européen qui négocie avec les pays de la façade atlantique. »

103 pièces d’or, de 1355 à 1540, reposaient dans un sac en papier au fond d’un coffre.

L’origine

Une dame décède. Un lointain parent hérite d’un coffre, sans clé, situé dans une banque, à quelques dizaines de kilomètres de Nantes. Le banquier l’ouvre. A l’intérieur, des documents et un petit sac en « torchon de papier », selon les mots d’Henri vié, numismate. Sans aucune indication de la provenance. « On ne sait pas d’où ça vient ni quand cela a été trouvé. »

L’expert

L’héritier décide de les faire expertiser par un spécialiste nantais. Soit Henri Vié qui tient un cabinet numismatique depuis 30 ans. Il connaît les « trésors », il en a déjà expertisé.

La réaction

En ce jour de février 2011, Henri Vié est fasciné par ce qu’il découvre. « On ne voit ça qu’une fois dans sa vie », résume-t-il. « Il m’a fallu dix jours d’enquête pour les

expertiser. »

Comprendre par « enquête », une recherche minutieuse dans des livres afin d’identifier chacune des pièces, de les répertorier, de les classer. « Un trésor aussi cohérent est rarissime. C’est une grande satisfaction que de l’avoir expertisé.J’en ai même rêvé. Comment voulez-vous que je parte en retraite ? »

La perle

Comme dans tout trésor, il y a une pépite. Une pièce portugaise dont « l’argus » n’indique pas de prix d’estimation. Juste cette indication : très rare. C’est bien simple, on ne sait pas ce qu’elle vaut en terme financier. Il s’agit d’une pièce portugaise, une « Saint-Vincent » frappée sous le règne du roi du Portugal entre 1557 à 1578. Deux petites flèches gravées .lui donnent une valeur encore non connue.

L’hypothèse

« Cet assemblage me fait penser à un très grand négociant », estime Henri Vié. « On a le panel d’un marchand européen qui négocie avec tous les pays commerçants de la façade atlantique ». Un négociant qui aurait travaillé avec le Portugal, l’Angleterre, la Flandre, la Bretagne.

« Les dernières dates correspondent aux guerres de religion sous le règne de Charles IX (1560 à 1574). Des troubles ont dû éclater. C’est la suite d’un drame, comme tout trésor. Il n’est pas venu chercher sa caisse qu’il avait cachée. Mort en laissant son magot. »

Le devenir

L’héritier de ce trésor, qui vient de le récupérer, ne sait pas encore ce qu’il va en faire. Il peut le garder comme en vendre une partie via un cabinet numismatique ou dans une vente aux enchères. Ou les deux.

Le prix

« C’est tellement aléatoire », prévient Henri Vié. Au bas mot, la vente d’un tel trésor -sans enchères- dépasse les soixante-dix mille euros. Mais tout est possible. Une seule pièce s’est récemment envolée en vente publique à cent vingt mille euros. Il s’agissait d’un « Morabitino du XIIIe siècle. On n’en connaissait que trois exemplaires ».

Le souhait d’Henri Vié ? « Que les monnaies étrangères retournent dans leur pays. » Retour aux racines après un mystérieux périple de plus de six cent ans.

Stéphane Pajot

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